
Création d’un nouveau Centre interdisciplinaire de recherche sur la gouvernance mondiale
24 février 2025
L’Université Laval franchit une nouvelle étape dans le développement des études internationales avec la création du Centre interdisciplinaire de recherche sur la gouvernance mondiale. Sous la direction de Jean-Frédéric Morin, membre de l’École supérieure d’études internationales (ESEI) et professeur au Département de science politique, ce centre vise à favoriser la recherche, la formation et la collaboration entre chercheurs issus de diverses disciplines.
Unir les expertises pour dépasser la fragmentation
Le principal objectif du nouveau centre est de créer des synergies entre des experts qui travaillent souvent de manière segmentée sur des problématiques liées à la gouvernance mondiale. « Le but est de faire en sorte que le tout soit supérieur à la somme des parties, de mettre en commun des expertises et des ressources afin de créer des dynamiques qui n’existent pas encore, mais qui ont un fort potentiel », explique Jean-Frédéric Morin.
Actuellement, les chercheurs de l’Université Laval s’intéressant à la question de la gouvernance mondiale travaillent sur des enjeux variés comme le commerce, la santé, l’environnement ou encore l’éducation, mais ces travaux restent fragmentés. Le Centre a donc pour mission de rapprocher ces spécialistes afin de mieux comprendre les tendances transversales qui influencent la gouvernance mondiale. À titre d’exemple, le retrait des États-Unis de divers accords internationaux affecte simultanément plusieurs secteurs, illustrant l’importance d’une approche non seulement interdisciplinaire, mais aussi intersectorielle.
Le comité directeur du Centre interdisciplinaire de recherche sur la gouvernance mondiale, dont fait aussi partie Véronique Guèvremont (Faculté de droit), Jean-Michel Marcoux (ESEI) et Lota Dabio Tamini (Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation), n’imposera pas un agenda; ses axes de recherche émergeront des intérêts de ses membres. Cependant, certains thèmes clés ont déjà été identifiés, notamment :
• La prolifération des modalités de gouvernance mondiale et la montée du bilatéralisme;
• L’impact des nouvelles technologies, de l’IA à la géo-ingénierie, sur la gouvernance mondiale;
• Les enjeux d’équité au sein des institutions multilatérales comme l’ONU;
• La montée des initiatives public-privé et le rôle grandissant des ONG et des entreprises dans la gouvernance mondiale;
• Les liens entre le local et le mondial, avec des acteurs tels que les municipalités, les universités et les communautés autochtones qui s’impliquent de plus en plus dans les questions globales.
Pourquoi créer un tel centre à l’Université Laval? Selon Jean-Frédéric Morin, l’établissement possède déjà une expertise solide sur la question de la gouvernance mondiale, mais celle-ci n’était pas encore pleinement exploitée. « La « global governance » est un champ de recherche bien structuré dans le monde anglophone, mais encore en émergence dans le milieu francophone », souligne-t-il.
Contrairement à de nombreux centres de recherche qui se concentrent sur des secteurs spécifiques comme le commerce ou la sécurité, ce nouveau centre adopte une approche transversale, centrée sur les modes de gouvernance et de coopération.
Une collaboration étroite avec l’ESEI
Le lien entre le centre et l’École supérieure d’études internationales est évident : la grande majorité de ses membres font également partie de l’École. « C’était un peu la pièce manquante dans l’ensemble que représente l’ESEI », note Jean-Frédéric Morin. Le centre vient ainsi structurer et dynamiser les collaborations entre chercheuses et chercheurs, tout en ouvrant la voie à de nouvelles avenues de recherche.
« Un centre de recherche, c’est ce qui permet aux jeunes chercheurs de se former, de structurer la coopération entre membres et de repousser les limites de nos connaissances. Il favorise l’émergence d’idées nouvelles issues de la base, en créant une dynamique ascendante », ajoute le directeur.
Une place centrale pour les étudiants
L’une des priorités du centre sera d’intégrer activement les étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs. Une catégorie de membres leur sera réservée, incluant ceux et celles qui rédigent un essai, un mémoire ou une thèse sur la gouvernance mondiale, ou qui travaillent comme auxiliaires de recherche ou d’enseignement dans ce domaine.
Jean-Frédéric Morin insiste sur le fait que sa motivation principale en tant que directeur est de créer une dynamique qui profite aux étudiantes et étudiants. « Ils pourront apprendre les uns des autres, publier ensemble et bénéficier d’un cadre social scientifique stimulant. » En somme, le centre leur offrira des opportunités concrètes d’apprentissage et de réseautage.
Une définition ouverte de la gouvernance mondiale
Interrogé sur la définition de la gouvernance mondiale, le directeur reconnaît la complexité du concept. « Certains concepts comme le pouvoir ou l’amour sont difficiles à définir, mais cela ne nous empêche pas de les étudier. » Il souligne que les définitions varient en fonction des champs d’expertise et que cette diversité doit être vue comme une richesse plutôt qu’un obstacle. « Il faut cultiver cette diversité plutôt que de masquer nos différences derrière de faux consensus. »
Un élan initial à consolider
Les défis à court terme du centre seront d’établir une impulsion de départ, de créer une culture collaborative et de mettre en place des événements récurrents. L’objectif est d’atteindre une masse critique de chercheurs et de chercheuses pour assurer la pérennité et la vitalité du centre.
Avec cette nouvelle initiative, l’Université Laval et l’ESEI renforcent leur position comme acteurs clés dans l’étude de la gouvernance mondiale. En réunissant des personnes expertes de divers horizons et en favorisant l’implication de la communauté étudiante, le Centre interdisciplinaire de recherche sur la gouvernance mondiale promet d’être un pôle d’excellence en la matière.